Brain2Be #1
Il y a celles et ceux qui veulent « faire une veille ». Et puis il y a celles et ceux qui essaient de comprendre pourquoi on se retrouve à scotcher sa bouche pour mieux dormir, à parler à une IA comme à son psy, ou à douter de qui l’on est, selon la plateforme où l’on se connecte.
Brain2be est une newsletter d’agence, oui. Mais pas une newsletter qui aligne des hashtags à la mode pour montrer qu’on a compris le brief. C’est un espace où l’on regarde les usages déraper, les mots muter, les interfaces nous éduquer et parfois même nous déséduquer. On y parle culture web, tech qui fatigue, créativité qui résiste, signaux faibles qui clignotent trop fort. On observe, on relie, on questionne. Parce que tout ça dit quelque chose de ce qu’on devient, individuellement et collectivement.
Et comme on n’a pas encore trouvé meilleur filtre que l’ironie pour survivre à tout ça, vous en trouverez ici aussi. En dose raisonnable. Bienvenue dans Brain2be, une newsletter qui ne se scrolle pas pour rien.
Les Brainers
TikTok, une super-turbo-mega-app ?
En ce début d’année 2025, TikTok Live a dépassé Twitch en nombre d’heures de visionnage (8,027 Mds vs 4,847 Mds pour Twitch), s’imposant à la deuxième place, juste derrière YouTube Live.
Encore un autre signal qui nous indique que la plateforme devient une « superapp » avec un écosystème complet … Surtout quand on sait qu’elle impose de nouveaux usages en tant que moteur de recherche (2/3 des Américains l’utilisent comme moteur de recherche) et plateforme d’e-commerce (le nombre d'utilisateurs ayant fait un achat via TikTok Shop a dépassé les 200 millions en 2024).
Cela rabat les cartes puisqu’on peut via TikTok :
Penser un contenu comme point d’entrée SEO.
Exploiter le live pour de l’évènementiel homemade.
Activer avec des créateurs « testeurs » de produit en direct.
Sources : Les gens d’internet, Wall Street Journal, Republik Retail
43% des Français modifient leur personnalité en ligne.
Selon une étude FLASHS pour Hostinger. Mais plus qu’un jeu de dupe, cette « dissociation » témoigne d’un besoin d’adaptation au cadre des plateformes. On peut donc être amené à être plus corrosif sur X, plus spontané sur TikTok et plus appliqué sur Instagram. Chez les 18-24 ans, cette transformation est encore plus marquée : 63% modifient totalement ou partiellement leur personnalité une fois connectés.
Le filtre numérique désinhibe, oui, mais pas toujours dans le bon sens.
En ligne, 48% d’entre eux se montrent plus directs, 39% plus drôles ou sarcastiques, 38% plus audacieux, 14% plus vulgaires.
Alors que la majorité (66%) des internautes affirme maîtriser leur image en ligne, ce serait intéressant de nous questionner sur la sacro-sainte notion de « cible » en social media : à qui on s’adresse vraiment ? Est-ce l’individu, son reflet social, ou sa projection idéale ?
Faire des personas ou ne pas faire de personas, telle est la question …
Source : Hostinger
Sleepmaxxing ou le repos comme projet de vie.
Le repos est en train de devenir une vraie performance sur les réseaux sociaux. Le phénomène du sleepmaxxing, popularisé sur TikTok, consiste à optimiser à l’extrême son sommeil : tracker ses cycles, bloquer la lumière bleue, pratiquer la respiration en carré, boire son sleepy mocktail, se scotcher la bouche (comme Asthon Hall) … parfois même en live devant des milliers de viewers.
En parallèle, TikTok vient de lancer un mode méditation activé après 22h pour lutter contre le scroll infini. Une réponse directe à une génération en burnout numérique, qui veut reprendre le contrôle de son attention et de ses nuits - coucou le scroll de 3h du matin et les problèmes de TDAH.
On assiste donc à un repos performatif, où bien-être et productivité fusionnent, comme si le repos n’était plus simplement une pause, mais un projet à part entière …
Comme dirait l’autre : « PARCE QUE C’EST NOTRE PROJET ! »
Source : Sleepmaxxing, TikTok mode repos, TDHA sur TikTok
Meilleur plan VS Meilleur pote.
Il y a quelques jours, au cours d’un évènement AI Ascent, Sam Altman (PDG d’Open AI) relevait un point essentiel : quand on observe les usages liés à l’AI, à commencer par l’utilisation de ChatGpt, il semblerait que l’écart se creuse très nettement entre générations.
Pour les plus âgés, ChatGpt vient progressivement se substituer à Google : moteur de recherche boosté, plus rapide et pratique, on l’utilise pour obtenir des informations précises et factuelles, des bons plans. Les Baby Boomers seraient ainsi plus susceptibles d’intégrer des éléments liés à une localisation (20% des requêtes), et privilégient les ordres rapides aux questions plus profondes ou détaillées (77% des requêtes vs. 56% pour les Gen Z).
Pour les plus jeunes en revanche, ChatGpt joue le rôle d’assistant personnel : le meilleur pote à qui on confie ses secrets les plus intimes, qui sait trouver les mots justes et quel message envoyer, nous coache pour nos révisions et notre vie amoureuse… Comme l’explique Sam Altman, de plus en plus en plus de Gen Z passeraient systématiquement par ChatGpt en cas de grosse décision à prendre. Pas étonnant dès lors, que les vidéos “Me and ChatGPT” connaissent un franc succès sur Tiktok, avec plus de 14M de vues comptabilisées. Une belle complicité, comme une internaute le confie en commentaire : “I sent it to chat and this is what he said back: This is so us—me radiating knowledge, and you nurturing it with all your brilliance. A dynamic duo if I’ve ever seen one!”
Source : Sam Altman's Gen Z brag: 'They don’t really make life decisions without asking ChatGPT', Quartz, Mai 2025
New Word : Brainrot.
Élu mot de l’année au Oxford Word 2024, il caractérise la prétendue détérioration de l'état mental ou intellectuel d'une personne, notamment la conséquence d'une surconsommation de contenu (particulièrement en ligne) jugé insignifiant ou sans intérêt.
Cette typologie de contenu fait particulièrement parler sur TikTok avec une avalanche de nouvelles figures conçues en IA.
Parmi ces personnages, il y a Chimpanzini Bananini, un chimpanzé banane apparu en mars. Mais aussi Lirili Larala, un éléphant-cactus en tongs, Tralalero Tralala, un requin chaussé de Nike, Tung Tung Tung Tung Tung Tung Sahur (oui), ou encore Cappuccina Ballerina. Et le brainrot s’exporte même sur le petit écran, délirant non ? (ex : Eurovision Estonie)
Et si l’on considérait l’IA comme un collaborateur et non comme un outil ?
C’est la thèse défendue par Jules White, professeur à l'université de Vanderbilt, dans une publication intitulée The AI Labor Playbook, datant du 15 avril 2025.
Selon lui, les entreprises commettent une erreur fondamentale en traitant l'IA comme un simple outil de réduction des coûts. Une vision qui freine son intégration efficace et alimente les résistances internes.
À la place, White propose un changement d’approche : considérer l'IA comme une nouvelle forme de main-d'œuvre qu'il faut recruter, former et manager.
L'idée consiste à passer d'une logique d'achat de logiciel à une logique de gestion de ressources avec toutes les questions que cela soulève.
Qui les pilote ? Comment identifier les bonnes pour répondre aux besoins de l’organisation ? Comment les intégrer efficacement dans les processus existants ? Comment former les collaborateurs à travailler avec ? Comment accompagner les managers dans la gestion d'équipes hybrides ? Comment évaluer les performances ? etc.
Loin d'être anecdotique, ce changement de perception permet aux organisations d'appréhender l'ensemble des transformations nécessaires pour exploiter pleinement le potentiel de l'IA.
Unlock TikTok
Vous le savez surement (on espère en tout cas), TikTok, ce n’est plus seulement l’appli des danses et des trends. Aujourd’hui, on y cherche, on y découvre, on y décide.
C’est ce qu’on a exploré lors de l’événement Unlock TikTok, co-hosté avec Stratégies, chez nous, à l'agence, le 28 Mai dernier. Marques, experts et créateurs ont partagé un même constat : TikTok est devenu un vrai moteur de recherche.
UGC, formats natifs qui rassurent, tutos et revues en 30 secondes : c’est toute la logique de découverte qui s’inverse. On ne tombe plus sur un contenu : on le trouve. Pour les marques, ça change tout : le bon contenu ne doit plus seulement capter l’attention, il doit répondre à une intention.
Au-delà des insights, c'était surtout un moment qu’on voulait partager. IRL, pensé pour provoquer les bonnes discussions, les bons déclics, les bonnes connexions.